L'Isha Upanishad
L'Isha (vasya) Upanishad
L’ Upanishad du Seigneur (Tout enveloppant)
L’ Upanishad « Enveloppé par le Seigneur ».
Reproduction de 1867 (date approximative).
SHANTI PATHA
INVOCATION DE LA PAIX
Om ! pūrnamadaḥ pūrṇamidaṁ
Pūrṇāt pūrṇamudachyate.
Pūrṇasya pūrṇamādāya
Pūrṇamevāvashishyate.
Om ! shantih shantih shantih.
Om ! Cela est plénitude, ceci est plénitude;
De la plénitude, naît la plénitude.
Quand la plénitude est extraite de la plénitude,
ce qui reste est plénitude, indéniablement.
Om ! Paix, Paix, Paix
Les Upanishads
Les Upanishads sont des textes sacrés principalement rédigés entre 700 et 300 avant J.-C, qui contiennent les révélations des sages sur le Veda. Il existe 108 Upanishads dans le canon de la Muktika «l'ensemble de ces réflexions philosophiques », dont 10 majeures et 98 mineures .
Upanishad signifie « assis auprès du maître « avec une notion de descente »pour recevoir l’enseignement.
L'Isha Upanishad
L’Īsha Upanishad composée de 18 versets est l'une des plus courtes des Upanishads majeures. Elle est probablement la première en date des Upanishads versifiées, ce qui lui assure un haut rang dans cette littérature. C’est la première Upanishad du canon Muktika, texte associé au Shukla Yajur-Veda.
C ‘est l’Upanishad, la plus traduite en de nombreuses langues. Dans ce recueil, six traductions vous sont présentées, l’essence fondamentale est évidemment la même pour les diverses versions, mais la comparaison d’un même sutra avec une traduction qui diffère légèrement ! une tournure de phrase différente ! un mot ou un verbe à la place d’un autre … peut parfois entraîner chez le lecteur une fulgurance ou un déclic de compréhension.
L’importance de l’Isha Upanishad provient de la description de la nature de l’être suprême (Īshvara). Elle présente une perspective non dualiste de l’univers et résume l’essentiel de la doctrine du Vedanta. Elle énonce dans les premiers versets, les conceptions philosophiques si importante pour les hindous, du karma yoga (discipline de l’action) et du bhakti yoga (pratique de la dévotion). Dans la suite du texte, elle fait référence à la connaissance (jnana yoga) et aux pièges que celle-ci peut engendrer. La fin de l’Upanishad fait référence à la mort, le dix septième verset est devenu un mantra que l’on récite parfois au chevet d’un être qui décède. « OM Krato smara kritam smara ! Krato smara kritam smara » « Souviens-toi, ô esprit, ô esprit n'oublie pas ce qui fut accompli. Souviens t’en ». Elle se termine par un prière pour un chemin de félicité ! Le crédit apporté à cette Upanishad, fait qu’en Inde, elle est souvent récitée dans le cercle familiale lors de la cérémonie (puja) matinale.
Un petit glossaire des mots sanskrits utilisés dans ce recueil vous est proposé à la fin du document.
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(Traduction Jean Herbert, révisée et corrigée par Sri Aurobindo – 1939)
1 – Au Seigneur, tout ceci qui est, pour qu’il l’habite, et chaque chose, univers se mouvant dans l’universel mouvement. De tout cela, détache-toi et jouis-en; ne convoite aucun bien que s’approprient les hommes.
2 – Faisant, certes, les œuvres ici, on doit désirer vivre cent ans. Ainsi en est-il pour toi et non autrement. L’action n’englue pas l’homme.
3 – Sans soleil sont ces mondes enveloppés d’aveugles ténèbres, où partis d’ici vont tous ceux qui assassinent leur âme.
4 – Unique, sans mouvement, plus prompt que la pensée, Cela, les dieux même ne peuvent l’atteindre dans sa progression en avant. Cela, dans sa stabilité, distance les autres qui courent. En Cela, Matarishvan établit les Eaux.
5 – Cela est en mouvement, Cela est sans mouvement; Cela est lointain, Cela aussi est proche; Cela est au-dedans de ce tout, Cela est aussi hors de ce tout.
6 – Mais celui qui perçoit tous les devenirs dans l’Être même et l’Être en tous les devenirs, celui-là alors ne se replie plus.
7 – Pour qui l’Être même est devenu tous les devenirs, pour qui sait, où la confusion ? où la douleur ? pour qui perçoit en tout l’Unité.
8 – Lui s’est diffusé, lumineux, incorporel, sans défaut, sans organes, pur, invulnérable au mal. Le Voyant, le Penseur, celui qui devient tout, qui existe en soi, a ordonné les choses selon leur loi depuis les âges infinis.
9 – En des ténèbres aveugles entrent ceux qui se vouent à l’ignorance; et comme en plus de ténèbres ceux qui se sont adonnés à la connaissance.
10 – Bien autre chose, a-t-il été dit, par la connaissance, bien autre chose, a-t-il été dit, par l’ignorance. Ainsi avons-nous appris des sages qui nous ont révélé Cela.
11 – Connaissance et ignorance, celui qui connaît Cela comme les deux à la fois, par l’ignorance ayant franchi la mort, par la connaissance il jouit de l’immortalité.
12 – En des ténèbres aveugles entrent ceux qui se vouent au non-devenir; et comme en plus de ténèbres ceux qui sont adonnés au devenir.
13 – Bien autre chose, a-t-il été dit, par le devenir, bien autre chose, a-t-il été dit, par le non-devenir. Ainsi avons-nous appris des sages qui nous ont révélé Cela.
14 – Dissolution et devenir, celui qui connaît Cela comme les deux à la fois, par la dissolution ayant franchi la mort, par le devenir, il jouit de l’immortalité.
15 – Par un masque doré est couverte la face de la Vérité, ôte cela, Toi, Évoluteur, pour la loi de Vérité et pour la Vision.
16 – Évoluteur, unique Rishi, Recteur, Illuminateur, Fils du Père des existences, dispose et rassemble. Le rayonnement, qui est la forme la plus bénie, est ce que de toi je perçois. Ce Purusha qui est là et partout, je Le suis.
17 – Souffle, haleine immortelle, voici, ce corps finit en cendres. Ainsi, Pouvoir de faire, souviens-toi de ce qui a été fait, souviens-toi. Pouvoir de faire, souviens-toi de ce qui a été fait, souviens-toi.
18 – Agni, par la bonne voie conduis-nous vers la félicité, toi qui connais, Ô Dieu, toutes les manifestations. Éloigne de nous l’égarement qui nous détourne. A toi nous offrons notre plus entière parole de soumission.
Sri Aurobindo: “Trois Upanishads: Isha, Kena, Mundaka”
Éditions Albin Michel, collection “Spiritualités vivantes” N° 7
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( Patrick Vigneau 2021)
1-Au cœur de ce monde phénoménal, en toutes ses formes changeantes, demeure le Seigneur non changeant. Il te faut donc aller au-delà du changeant et, jouissant de l'intérieur de toi-même, ne plus t'identifier à ce que les autres tiennent pour précieux.
2-Tout en continuant à agir dans le monde, on peut aspirer à vivre centenaire. C'est ainsi et ainsi seulement qu'il est possible à l'homme de se libérer des chaînes de l'action.
3-Ne sont-ils pas dans les ténèbres, ces mondes obscurcis par l'aveuglante nuit de l'ignorance ? C'est dans cette mort que sombrent tous ceux qui assassinent le Soi.
4-Il n'y a qu'un seul Soi et jamais il ne bouge et l'esprit cependant ne peut le saisir tant il se montre prompt. Les sens ne peuvent l'atteindre, il demeure pour toujours hors de leur portée. A jamais immobile, il accomplit, plus que toute activité. Et c'est pourtant en Lui que demeure le souffle qui anime tout ce qui bouge.
5-Il bouge sans se mouvoir, il est éloigné mais proche. Il réside en tout ceci et demeure cependant en dehors.
6-Celui qui en tout voit seulement le Soi, et voit le Soi seulement en tout ce qu'il perçoit, un tel voyant ne renonce à rien. Aux yeux de l'illuminé, tout ce qui existe n'est rien sinon le Soi. Aussi, comment pourraient-ils donc continuer à souffrir, à être la proie de l'illusion, ceux qui vivent cette Unité ?
7-Il est resplendissant, Lui qui imprègne tout, sans limites et sans tache, invulnérable et pur.
8-Il est Celui qui sait ; Esprit unique omniprésent, il se suffit à Lui-même. Il a harmonisé la multiplicité dans les siècles des siècles.
9-Ceux qui se contentent de vénérer l'action sombrent en d'aveuglantes ténèbres. Quant à ceux qui vénèrent la seule méditation, ils sombrent en une nuit plus obscure encore.
10-Car il n'est ni l'action ni la méditation. Cela, nous l'avons appris de la bouche des illuminés qui nous ont enseigné.
11-La méditation et l'action, celui qui les connaît ensemble par l'action devance la mort, par la méditation gagne l'immortalité.
12-Ceux qui idolâtrent l'Absolu sombrent en d'aveuglantes ténèbres. Quant aux adorateurs du seul relatif, ils sombrent en une nuit plus obscure encore.
13-Car il n'est ni l'Absolu ni le relatif. Cela, nous l'avons appris de la bouche des illuminés qui nous ont enseigné.
14-L'Absolu et le relatif, Celui qui les connaît ensemble, par le relatif devance la mort et par l'Absolu gagne l'immortalité.
15-Le seuil de la Réalité est recouvert d'un voile de lumière dorée. Dévoile-le, ô Seigneur, car mon dharma consiste à vivre la Vérité.
16-O Seigneur de Lumière, tu est celui qui sait. Tous ont reçu de toi la vie, tous sont sous ta tutelle dorée. Écarte tes rayons, concentre ton éclat afin que je perçoive ta nature magnifique, la plus subtile qui soit, cet Esprit cosmique qui repose en ton cœur. Car moi-même je suis Cela !
17-Que mon souffle se fonde dans le Souffle Cosmique, que mon corps soit poussière. Souviens-toi, ô esprit, ô esprit n'oublie pas ce qui fut accompli. Souviens t’en. OM Krato smara kritam smara ! Krato smara kritam smara !
18-O Agni, montre-nous le droit chemin, conduis-nous jusqu'à l'éternelle liberté, Toi qui es omniscient. Puissions-nous ne jamais dévier de notre But, car c'est entre tes mains que nous nous remettons en toute dévotion.
https://patrick-vigneau.over-blog.com
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( Martine Buttex 2012)
1-Om! Que tout ce qui existe soit revêtu d’Isha, le Seigneur, ainsi que tout être qui se meut à la surface de la terre! Celui qui renonce à tout jouit automatiquement de tout. Ne convoite pas les biens d’autrui.
2-Que l’homme souhaite vivre cent ans tout en poursuivant ses œuvres ! Car dans cet esprit, l’action ne lie pas l’auteur. Il n’est nulle autre voie que celle-ci.
3-En vérité, démoniaque (asurā) est ce monde que recouvre une obscurité aveuglante ! C’est là que vont à la mort ceux qui ont tué l’Atman.
4-Cela est l’Un, immobile et cependant plus rapide que la pensée. Les dieux ne peuvent l’atteindre, il court toujours loin devant. Immobile, il dépasse tous ceux qui courent. En lui, Mātarishva, le dieu du vent mène son œuvre.
5-Il se meut et il est immobile ! Il est lointain et il est proche ! Il est à l’intérieur de tout et il est l’extérieur de tout !
6-Celui qui perçoit tous les êtres en son propre Atman et son propre Atman en tous les êtres, ne peut ressentir d’inimitié pour personne.
7-Quand un homme a réalisé que tous les êtres sont son propre Atman, quelle illusion peut subsister, ou quelle souffrance, en lui qui perçoit l’unicité ?
8-Cela s’est répandu partout, sans corps ni articulations, pur, lumineux, invulnérable, sans imperfections. Cela est le Voyant, le seigneur de la pensée, transcendant et existant par soi-même (svayambhu). Cela a assigné aux existants leurs natures et leurs rôles depuis l’unicité des temps.
9-Ceux qui cultivent l’ignorance (avvidya) se dirigent vers une profonde obscurité. Mais vers une obscurité encore plus intense se dirigent ceux qui se vouent à la connaissance.
10-Cela est différent de ce à quoi mène la connaissance et différent de ce à quoi mène l’ignorance ! Tel est l’enseignement qui nous a été transmis, doctrine des voyants d’autrefois.
11-Celui qui possède à la fois la connaissance et l’ignorance transcende la mort grâce à l’ignorance et parvient à l’immortalité grâce à la connaissance.
12-En de profondes ténèbres entre celui qui croit que le devenir n’est rien; mais en des ténèbres encore plus épaisses entre celui qui croit que le devenir est tout.
13-Cela est autre que le devenir, et Cela est autre que le non-devenir. Tel est ’enseignement qui nous a été transmis, doctrine des voyants d’autrefois.
14-Celui qui connaît à la fois le devenir et le non devenir transcende la mort grâce au devenir et parvient à l’immortalité grâce au non devenir.
15-C’est par un masque d’or pur qu’est recouverte la face de la vérité. Ô, Soleil fils nourricier (purshan), dévoile cette face pour moi, fais-la connaître à celui qui est fidèle à la loi de la vérité (satyadharma) !
16-Ô père nourricier, unique Voyant, ô mort, ô Soleil, fils de Prajapati, rassemble les rayons que tu as projeté, puis libère ta splendeur ! Que je voie ta forme admirable ! Car lui le Purusha qui réside en ton orbe, je le suis aussi.
17-Que le souffle qui m’anime (prana) devienne maintenant ce vent immortel et tout-pénétrant ! Car ce corps sera réduit en cendres ! Om ! Ô esprit, souviens-toi, souviens-toi de ce qui fut accompli ! Oui, souviens t’en, Ô esprit.
18-Ô Feu d’Agni, Ô Dieu, toi qui qui connais le sentier, mène-nous par la voie sûre en direction du succès. Éloigne de nous les voies tortueuses des actes négatifs. A toi, nous offrirons nos plus beaux chants d’adoration.
Ainsi s’achève l’Upanishad.
Martine Buttex :108 upanishads. Traduction et présentation ; Éditions DERVY
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YOGI RAMSURATKUMAR BHAVAN Traduction française Gaura Krishna Juillet 2011
1-Aum. Tout ce qui est changeant dans le monde, tout cela est enveloppé par le Seigneur. Par la renonciation à cela, aide-toi. Ne convoite pas la richesse d'autrui.
2-Certes, en faisant les œuvres, on doit désirer vivre cent ans ici. Pour un homme tel que toi, il n'y a pas d'autre moyen que celui-ci, par lequel l'action ne s'attache pas (à l'homme). Cela pour l'homme qui n'est pas jnanin, car pour celui-ci il n'y a ni vie ni mort. C'est à dire la voie du renoncement à ce qui est changeant dans le monde.
3-Ces mondes asuriques (démoniaques) sont enveloppés d'aveugles ténèbres. Ceux qui tuent le Soi y vont après leur départ.
4-Cela demeure sans mouvement, unique et plus rapide que la pensée, les dieux (les sens) ne peuvent l'atteindre dans sa progression en avant. Demeurant stable, il distance tous les autres qui courent. Cela étant là, Mātarisva (l'air, l'énergie cosmique) supporte toutes les activités. Ceux qui tuent le Soi sont ceux qui ne s'en préoccupent pas, qui ne sont nullement intéressés par la vie spirituelle et la réalisation du Soi.
5-Cela se meut, Cela ne se meut pas; Cela est loin, Cela est près; Cela est au-dedans de tout; Cela est aussi à l'extérieur de tout.
6-Celui qui voit tous les êtres dans l'Atman même et l'Atman dans tous les êtres, ne ressent aucune haine du fait de cela (cette réalisation).
7-Lorsque pour celui qui sait, tous les êtres sont devenus l'Atman même, alors quelle illusion, quelle peine peut-il y avoir, pour lui qui voit l'unité ?
8-Il est omnipénétrant, pur, sans corps, sans nerfs, sans blessure, sans tâche, non touché par la faute,
omniscient, gouverneur du mental, transcendant et existant par lui-même; Il a assigné les devoirs pour les Prajapatis (années éternelles).
9-Ceux qui rendent culte à avidya (ignorance ou rites) entrent dans des ténèbres aveuglantes. En de plus grandes ténèbres que celles-ci entrent ceux qui sont engagés en vidya (connaissance, philosophie, méditation sur les dieux).
10-Ils disent que par vidya un résultat différent (est obtenu) et que par avidya un résultat différent (est obtenu); ainsi avons-nous entendu des sages qui nous l'ont expliqué.
11-Celui qui connaît à la fois vidya et avidya, ayant conquis la mort par avidya, atteint l'immortalité par vidya.
12-Ceux qui se vouent au non-devenir (prakrti non manifestée) entrent dans des ténèbres aveuglantes. En de plus grandes ténèbres entrent ceux qui se vouent au devenir (hiranyagarbha).
13-Ils disent qu'un résultat différent est obtenu par le culte du devenir et qu'un résultat différent est obtenu par le culte du non-devenir. Ainsi l'avons-nous entendu des sages qui nous l'ont expliqué.
14-Celui qui connaît à la fois le non-devenir (prakriti) et la destruction (le devenir) atteint l'immortalité par le non-devenir en conquérant la mort par la destruction.
15-L'entrée de la Vérité est cachée par un plateau doré. O toi, Soleil, ôte-le pour que je la voie, moi qui suis par nature véridique.
16-O nourrisseur, voyageur solitaire, contrôleur, acquéreur, fils de Prajapati, retire tes rayons, ramasse ta lumière. Je vois cette forme qui est tienne qui est la plus bénie. Je suis ce purusha (cette personne) qui est là.
17-Que mon énergie vitale atteigne maintenant l'Air éternel; que ce corps soit réduit en cendres. Aum. Mental, rappelle-toi de ce qui a été fait, rappelle-toi de ce qui a été fait.
18-O Agni (Feu), connaissant toutes nos actions, conduis-nous par le bon chemin à la jouissance des fruits de nos actions; ôte de nous toutes les fautes malhonnêtes. Nous t'offrons beaucoup de salutations.
https://www.gaurakrishna.org
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Sept Upanishads, présenté par Jean Varenne 1981
1-Puisse le Seigneur revêtir toutes choses ici-bas, tout ce qui se meut dans l’univers en mouvement. Et toi, contente-toi de ce qu’il t’abandonne ! Ne jalouse le bien de qui que soit d’autre !
2-Et certes si, en ce bas monde, tu fais les actes rituels, désirant à bon droit vivre les cent ans de ta vie. Cela en fait ne change rien à ton état profond car les actes n’affectent pas l’essence de ton être.
3-Il est des mondes sans soleil touts couverts d’aveugle ténèbres : après mourir s’y rendent tous ceux qu ont tué leur âme.
4-Unique et sans bouger, Cela va plus vite que la pensée : les dieux ne l’atteignirent point quand il courait devant eux ! Oui, Cela qui ne se meut pas dépasse les autres qui courent ; c’est en lui que Mātarishvan a déposé l’action.
5-Cela s‘active, et ne s’active pas ; Cela est loin, Cela est près; Cela est intérieur à tout, Cela est extérieur à tout.
6-Et celui qui discerne que tous les êtres sont dans l’Âme et que l’Âme est dans tous les êtres, celui-là ne s’en détache plus.
7-Oui, s’il perçoit qu’en lui l’Âme est devenue tous les êtres, comment pourrait t’il s’angoisser ? Et comment pourrait t’il souffrir s’il discerne en lui l’unité ?
8-L’Âme circonscrit toutes choses ; elle est lumineuse et sans corps ; on ne peut la blesser puisqu’elle n’est ni chair, ni os ; on ne peut non plus la souiller puisque le mal ne l’atteint pas. C’est elle, le Voyant, le Sage, le Seigneur, le dieu souverain qui dispose les éléments comme il convint à chacun d’’eux pour la suite des temps.
9- Qui fait confiance au Non-Savoir entre dans la ténèbre aveugle, et dans ténèbre plus épais celui-là qui fait confiance au Savoir.
10-C’est que Cela est différent du Non-Savoir et du Savoir ainsi que l’on dit les prophètes dont nous suivons l’enseignement.
11-Le Non-Savoir et le Savoir; Cela est les deux à la fois; qui le suit passera la mort grâce au Savoir, et par le Non-Savoir gagnera l’immortalité !
12-Qui fait confiance au Non-Devenir entre dans la ténèbre aveugle et dans la ténèbre plus épaisse celui qui fait confiance au Devenir.
13-C’est que Cela est différent du Non-Devenir et du Devenir, ainsi que l’on dit les prophètes dont nous suivons l’enseignement.
14-Le non-Devenir et le Devenir : Cela est les deux à la fois; qui le suit passera la mort grâce au Devenir, et par le Non-Devenir gagnera l’immortalité !
15-D’un masque d’or est recouverte la face de la Vérité. Enlève le pour nous, Pûrshan, pour que nous puissions voir Celui qui règne sur la Vérité !
16-Toi, l’unique Voyant, Pūrshan, Yama, Soleil, fils de Prajapati, rayonne ici pour nous! mets en nous ta lumière ! Cette image de Toi, si belle, je la vois là- haut, tout là-haut ! Oui, quel qu’il soit ce personnage que j’aperçois là-haut, tout là-haut, je suis Lui ! Je suis Lui !
17-Vâyu, c’est l’Ambroisie ! le Souffle ! Et voici que ce corps misérable qui demain ne sera que cendres ! Intelligence, souviens toi ! Souviens toi de ce qui qui fut fait !
18-Toi qui sait les cheminements, conduis nous par le bon chemin, Agni à la richesse ! Garde nous de l’égarement! A toi, nos plus beaux chants d’hommage !
Telle est l’Upanishad
Sept Upanishads. Traduction commentée, précédée d'une introduction générale aux Upanishads par Jean Varenne. Editions du Seuil.
Iśā Upaniṣad
(traduction Jean Bouchart d’Orval)
1-Tout ce qui bouge dans le monde mouvant doit être attribué au Seigneur. Jouis de ce qui est accordé par lui, ne convoite pas le bien de quiconque.
2-Celui qui est dans l’accomplissement des actes pourrait bien vouloir vivre cent ans ici-bas. Ainsi, il n’en va pas autrement pour toi, l’action n’adhère pas à l’homme.
3-On appelle démoniaques ces mondes recouverts d’aveugles ténèbres. Là se dirigent, à leur mort, toutes les personnes qui ont réprimé leur Soi.
4-Immobile, l’Un est plus rapide que la pensée; les dieux ne l’ont pas attrapé alors qu’il se lançait en avant. Immobile, il dépasse les autres qui courent. En lui Mātariśvana établi l’Acte.
5-Il se meut, il ne se meut pas, il est au loin et il est tout près. Il est au dedans de tout et de tout ce qui est, il est au dehors.
6-Quand un homme voit toutes les créatures dans son propre soi et son propre soi dans toutes les créatures, il ne s’en détourne plus.
7-Celui en qui le Soi est devenu toutes les créatures, pour celui qui le sait quel égarement pourrait-il y avoir,quelle souffrance, pour lui qui contemple l’unicité?
8-Il (le Soi) embrasse ce qui est brillant, sans corps, sans blessure ni liens, pur, non imprégné par le mal. Le sage intelligent, omniprésent, spontané, a bien agencé les choses en accord avec la vérité pour les années sans fin.
9-Ils entrent dans d’aveugles ténèbres ceux qui révèrent le non-savoir et dans de plus grandes ténèbres ceux qui se complaisent dans le savoir.
10-C’est, dit-on, autre chose que le savoir, autre chose que le non-savoir, dit-on ; ainsi avons-nous entendu des sages qui nous l’ont bien expliqué.
11-Savoir et non-savoir, celui qui les connaît tous les deux ensemble, après avoir franchi la mort par le non-savoir, il atteint la non-mort par le savoir.
12-Ils entrent dans d’aveugles ténèbres ceux qui révèrent la non-manifestation et dans de plus grandes ténèbres ceux qui se complaisent dans la manifestation.
13-C’est, dit-on, autre chose que la manifestation, autre chose que la non-manifestation, dit-on; ainsi avons-nous entendu des sages qui nous l’ont bien expliqué.
14-Manifestation et non-manifestation, celui qui les connaît tous les deux ensemble, après avoir franchi la mort par la non-manifestation (la destruction), il atteint la non-mort par la manifestation.
15-Le visage de la Vérité est recouvert par un vase en or. Toi, Pūṣan, découvre-le, toi qui es fidèle à la Vérité, afin que je puisse voir!
16-Ô Pūṣan, unique visionnaire, Soleil, Prājāpati , déploie tes rayons, concentre ton éclat; cette plus belle forme de toi, je la vois, c’est toi. Quel que soit cet Homme, moi je le suis!
17-Vent, souffle immortel, et maintenant ce corps réduit en cendres… Aum! Puissance créatrice, souviens-toi de ce qui a été accompli, souviens-toi ! Puissance créatrice, souviens-toi de ce qui a été accompli, souviens-toi!
18-Ô Feu (Agni), mène-nous par un chemin auspicieux vers la richesse, ô dieu qui connaît toutes les voies. Éloigne de nous la faute qui nous a égarés, puissions-nous t’offrir la parole qui soit le plus abondant hommage!
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1. īśāvāsyam idaṃ sarvam yat kiṃca jagatyāṃ jagat | tena tyaktena bhuñjīthā mā gṛdhaḥ kasya svid dhanam ||
2. kurvann eveha karmāṇi jijīviṣec śataṃ samāḥ | evaṃ tvayi nānyatheto’sti na karma lipyate nare ||
3. asuryā nāma te lokā andhena tamasā vṛtāḥ |tāṃs te pretyābhigacchanti ye ke cātmahano janāḥ ||
4. anejad ekaṃ manaso javīyo nainad devā āpnuvan pūrvamarṣat | tad dhāvato’nyān atyeti tiṣṭhat tasmin apo mātariśvā dadhāti ||
5. tad ejati tan naijati tad dūre tadvantike | tad antarasya sarvasya tad u sarvasyāsya bāhyataḥ ||
6. yas tu sarvāṇi bhūtāni ātmany evānupaśyati | sarvabhūteṣu cātmānaṃ tato na vijugupsate ||
7. yasmin sarvāṇi bhūtāny ātmaivābhūd vijānataḥ | tatra ko mohaḥ kaḥ śokaḥ ekatvam anupaśyataḥ ||
8. sa paryagāc chukram akāyam avraṇam asnāviram śuddham apāpaviddham | kavir manīṣī paribhūḥ svayambhūḥ yāthātathyato’rthān vyadadhāc chāśvatībhyas samābhyaḥ ||
9. andhaṃ tamaḥ praviśanti ye’vidyām upāsate | tato bhūya iva te tamo ya u vidyāyām ratāḥ ||
10. anyad evāhur vidyayā anyad āhur avidyayā | iti śuśruma dhīrāṇāṃ ye nas tad vicacakṣire ||
11. vidyāṃ cāvidyāṃ ca yas tad vedobhayam saha | avidyayā mṛtyuṃ tīrtvā vidyayāmṛtam aśnute ||
12. andhaṃ tamaḥ praviśanti ye’sambhūtim upāsate | tato bhūya iva te tamo ya u sambhūtyāṁ ratāḥ ||
13. anyad evāhur sambhavād anyad āhur asambhavāt |iti śuśruma dhīrāṇāṃ ye nas tad vicacakṣire ||
14. sambhūtiṃ ca vināśaṃ ca yas tad vedobhayaṃ saha | vināśena mṛtyuṃ tīrtvā sambhūtyā amṛtam aśnute
15. hiraṇmayena pātreṇa satyasyāpihitam mukham |tat tvaṃ pūṣann apāvṛnu satyadharmāya dṛṣṭaye ||
16. pūṣann ekarṣe yama sūrya prājāpatya vyūha raśmīn samūha tejaḥ |yat te rūpaṃ kalyāṇatamaṃ tat te paśyāmi yo sāv asau puruṣaḥ so’ham asmi ||
17. vāyur anilam amṛtam athedam bhasmāntaṃ śarīram |aum krato smara kṛtaṃ smara krato smara kṛtaṃ smara ||
18. agne naya supathā rāye asmān viśvāni deva vayunāni vidvān |yuyodhyasmaj juhurāṇam eno bhūyiṣṭhāṃ te nama uktiṃ vidhema ||
Glossaire
Agni |
Le dieu du feu, de la chaleur. |
Prana |
Le souffle. Le principe de vie. |
Asurā |
le mauvais génie , le démon. |
Puja |
Culte, rituel envers une divinité. |
Avidya |
L’ignorance |
Purusha |
L’esprit. L’être humain. |
Aum/OM |
Verbe sacré; symbole de l’absolu. |
Pūrshan |
Le nourricier ; Le protecteur. |
Bhakti yoga |
La voie, le yoga de la dévotion. |
Rishis |
Sages anciens, auteurs des Vedas. |
Hiranyagarbha |
L'œuf d’or. L’embryon subtil de la création. |
Satyadharma |
La loi de la vérité. La loi du devoir. |
Isha |
Diminutif d’Ishvara. Le seigneur suprême. |
Svayambhu |
Auto-engendré. Existant par soi-même. |
Jnana yoga |
La voie, le yoga de la connaissance. |
Vasya |
Celui qui plaît, réside, enveloppe. |
Jnanin |
L’homme doté de connaissances. |
Vāyu |
Le dieu du vent, des souffles vitaux. |
Mātarishvan |
le vent. Le voyageur de l’espace. |
Veda |
La connaissance : 4 recueils révélés aux sages anciens |
Prajapati |
Le créateur. Progéniteur des créatures. |
Vedanta |
École non dualiste de l’Inde, basée sur les Upanishads. |
Prakriti |
La nature. La matière indifférenciée. |
Vidya |
La connaissance. |
Le transfert de l'article sur le blog a altéré sa mise en page. Si vous désirez le consulter de façon plus lisible ou l'imprimer. Vous pouvez me le demander par courriel à christian.seneclauze@orange.fr et je vous le ferais parvenir en pièce jointe au format PDF.